Neiafu,île de Vavàu, Tonga – Savusavu,île de Vanualevu, Fiji

3 nuits de mer, soit près de 400 milles

Première nuit
Nuit du 5 au 6 juillet 2019
102 milles au compteur, reste plus de 300 milles à parcourir
Position à minuit: 18°16’85 S – 175°41’79 W
Position à quatre heures:18°08’77 S – 176°04’08 W
Soit 22, 5 milles de parcouru

Sous une coupole de velours bleu nuit piquée d’étoiles , Viramundo se dandine sur des flots noirs sombres frémissants, à une allure plutôt vivable.
Contrastes, contrastes….
Avant…. vingt neuf noeuds de vent….mer forte, houle prononcée, vent sifflant, Viramundo ardent, tendu…..
Maintenant….vingt noeuds de vent….mer moins agitée , houle plus douce, vent modéré, Viramundo couinant tendrement….
Bien, c’est mieux, et on avance!
On avance et on gagne des degrés en longitude. On arrive bientôt au 176 ème degré de longitude Ouest, plus que 4 et on passera en longitude Est.
C’est incroyable de parcourir le globe terrestre d’Est en Ouest sous, presque, la même latitude!
Systématiquement, on attend le Soleil à l’arrière côté « cockpit », puis, on le voit se cacher à l’avant tribord, côté « carré »! On gagne des milles, on change de fuseau horaire.
Ainsi, pour voir le lever et le coucher de Soleil aux mêmes heures, ou à peu près, on n’ a pas cessé de reculer nos horloges!
Et ce qui est fantastique, c’est nous qui avons choisi le moment! Et toc! Il est deux fois de suite 15 heures dans le livre de bord….les Fidji, c’est TU+12, alors que les Tonga, c’est TU+13.
Bizarre, cette notion de temps! Je croyais la perdre, ici, au milieu de l’eau.
Et c’est tout le contraire! On cherche régulièrement l’heure à laquelle on vit, on attend la prochaine heure pour faire le point de la navigation, on regarde l’heure à laquelle le Soleil se couche et se lève. On a réellement besoin de ce marqueur temporel, on ne peut s’en passer!
Avec tout cela, le temps défile …que cela soit en TU plus ou moins quelque chose!
Et le plus comique, c’est qu’on va connaître le « Fiji Time », ce qui signifie l’heure à laquelle cela arrivera!
Les Fijiens semblent cool avec le temps qui passe…
Joli, mais , peut-être pas si facile avec nos horloges internes bien suisses!

Deuxième nuit
Nuit du 6 au 7 juillet
237 milles au compteur, reste plus de 100 milles à parcourir
Position à minuit: 17°38’87 S – 177°56’62 W
Position à quatre heures: 17°30’61 S – 178°18’70 W
Soit 23 milles de parcouru

Une nuit veloutée, comme hier!
Un magnifique ciel bleu nuit criblé d’étoiles!
La Lune croissante est déjà couchée. La Voie Lactée forme un arc lumineux juste au-dessus de nous, et ses reflets sur l’eau scintillent dans le sillage.
C’est beau!
La quinzaine de noeuds de vent suffisent. Viramundo avance presque dans la bonne direction et, surtout , à la bonne vitesse!
En effet, le problème de cette traversée se résume en trois points.
-Un, arriver à Savusavu, lundi 8 juillet, date annoncée à la marina à laquelle on va.
-Deux, y arriver de jour et dans les horaires de la douane.
-Trois, entamer aussi de jour le parcours à travers le premier groupe oriental des îles Fidji.
Alors, comment maîtriser la fougue de Viramundo avec un vent et une mer qui le poussent à s’envoler?
Pas si simple! Même avec trois ris dans la grand voile et peu ou pas de génois, notre vitesse a atteint une sacrée bonne moyenne!
Ben, bravo captain!
On va y arriver! Et à temps!
Oups! On n’est pas seuls ce soir sur le plan d’eau! Un tanker arrive sur babord à 16 milles, il devrait passer derrière nous à 1,5 milles dans moins d’une heure. Ouah, j’ai perdu l’habitude de ce genre de situation dans ce désert Pacifique!
Petit stress, grandes réflexions…ça réveille!
Quelle attitude adopter?
Garder notre route et le laisser passer derrière nous ….si le vent ne faiblit pas? Ou freiner en roulant le génois pour que le tanker trace devant nous?
Bon, je fais confiance aux calculs de l’ordinateur et, surtout, je surveille les lumières à l’extérieur….alors, pourquoi, cette maudite alarme de la centrale hurle-t-elle toutes les minutes? Je fais ce qu’il faut, tais-toi!
Quelle drôle d’impression de voir poindre et grossir les lumières de ce tanker!
Il s’appelle « High Wind », il mesure 183 mètres et 32 mètres de largeur…..ouah, il vaut mieux l’éviter! Il nous croise à l’arrière à moins de deux milles comme prévu. Je vois très bien son feu rouge et cela confirme la trajectoire….bye,bye High Wind! Sa destination est Apia…???? Connais pas…
Eh voilà ! Une belle rencontre dans cette nuit de velours!

Troisième nuit
Nuit du 7 au 8 juillet
366 milles au compteur, reste une cinquantaine de milles à parcourir
Position à minuit: 17°09’43 S – 179°56’74 EST
Ça y est ! On est en longitude EST…et , maintenant, les degrés vont décroître….
Position à quatre heures: 17°01’ 11 S – 179°39’11 Est
Soit 19 milles de parcouru

Nuit différente, moins Pacifique !
D’abord, des lumières signalent des villages sur l’île au large de laquelle nous passons. Il s’agit de l’île Taveuni des Fidji.
Et encore , les feux d’un pêcheur montrent que des côtes habitées ne sont pas si éloignées.
Ensuite, la houle a fortement diminué, le mur d’eau à l’arrière a disparu et les vagues ont abandonné leurs creux.
Ambiance différente!
Plus proche d’une mer que d’un océan.!
D’ailleurs, la carte indique « Koro Sea »!
C’est en disant ou en lisant ces deux mots, « mer- océan », que la grandeur et la puissance de l’un et l’autre ressortent.
« Mer » semble plus intime, plus douce, plus féminine….ne dit- on pas « une » mer!
« Océan » plus vaste, plus musclé, plus masculin….ne dit-on pas « un » océan!
Donc cette nuit, je suis sur LA mer…mais je n’en oublie pas ces changements d’humeur, même si elle n’est pas tout à fait responsable.
C’est Eole, le premier coupable de tous les bonheurs et malheurs de navigateurs que cela soit sur la mer comme sur l’océan !
Capable de soulever des mètres cubes d’eau, de bousculer des tonnes de polyester ou de coques de noix…comme de s’essouffler ou de changer de direction sans raison, il est le maître et il nous le montre à chaque minute de navigation, comme ce soir!
Évidemment, c’est grâce à lui que l’on avance, que l’on traverse des océans, que l’on parcourt des mers…fabuleux! Merci.
Certainement, c’est aussi grâce à lui que l’on aiguise nos sens et que l’on connaît nos plus grandes trouilles….perturbant! Merci quand même.
Et, finalement, toute la navigation, c’est gérer l’inconstance de ce cher Eole , et l’impermanence des conditions que cela entraîne…
Quelles vaines paroles pendant cette dernière nuit en mer pour cette courte traversée! Alors que le ciel est magnifique d’étoiles et de constellations!
Une belle nuit en mer de plus! Unique et exceptionnel…
Une bonne nuit en…tière de sommeil ! C’est aussi pas mal et c’est pour demain!

P.S. Les feux du pêcheur vus cette nuit s’avèrent être des feux de voilier que nous avons dépassé. Le bateau n’émettait pas d’ AIS. Il s’agit d’une famille française, un couple avec deux petites filles blondes qui nous ont vus, eux sur leur récepteur d’AIS. Nous les avons rencontrés à l’arrivée.
Bon…pas reconnaître les feux d’un voilier dans la nuit …pas bien!.

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